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Il s'agit d'une famille très particulière et remarquable. Elle suscite actuellement un engouement très net auprès des Vivipariophiles
Endémique du Mexique, les Goodeidae vivent en couple ou en groupe, ils sont assez voire très actifs. Certains sont crépusculaires.

Ce qui les caractérise le plus est cependant leur mode de reproduction. Contrairement aux autres familles, ils sont véritablement vivipares.Chaque fécondation ne produit donc qu'une seule portée L'embryon est alimenté par la mère par l'intermédiaire d'un pseudo-cordon ombilical, les "trophoteaniae". Ceux-ci sont parfois visibles chez l'alevin nouveau-né et se matérialisent par les filaments clairs fixés sous l'abdomen. Ils tombent au plus quelques heures après la naissance.
Ce mode de reproduction particulièrement évolué a pour conséquence une gestation longue (60 jours environ) et un faible nombre de gros alevins (seulement 5 pour une jeune femelle, 35 pour les plus grande et productive, taille jusqu'à environ 15 mm) Par ailleurs, l'organisme des mères est très sollicité et il est impératif de fournir d'une part une alimentation irréprochable,mais pas excessive, d'autre part un repos annuel à basse température durant quelques mois, calqué sur les caractéristiques de chaque biotope. Sans cela, il arrive trop souvent que les femelles s'épuisent ou meurent en couche à cause d'un alevin trop gros.La femelle prête à mettre bas est particulièrement gonflée, elle évoque un ballon de rugby et ses flancs sont souvent bosselés du fait de la pression des alevins. A ce stade, il est fortement déconseillé de la déplacer. La mise-bas à souvent lieu de nuit, mais régulièrement vous verrez des alevins naître dans la journée, ce qui permets d'assister à un spectacle exceptionnel. En effet, la mise-bas est longue, chaque alevin peut rester dans le passage durant plusieurs heures. Vous voyez alors sa queue, plus rarement sa tête. J'ai constaté à plusieurs reprises chez les Characodon et les Xenotoca "San Marcos" une propension à étaler les naissances sur plusieurs jours, ce qui rapelle la superfétation connue chez les Poeciliidae. Je ne sais pas si cela est normal ou lié à des alevins trop gros, mais je doute de cette dernière option compte-tenu de la taille normale que présentaient les bébés en question.
 Les risques de décès à cause d'un alevin se présentant mal sont faibles mais existent.

Le mâle Goodeidae n'a pas de gonopode, mais un simple cran sur la nageoire anale,l'andropode, qui fait office. Les accouplements sont souvent difficiles à observer chez cette famille.

Par contre, vous pourrez régulièrement observer un comportement social souvent riche, les mâles étant volontiers territoriaux chez beaucoup d'espèces et se livrant à des parades impressionnantes, mais en général sans conséquences.
Il arrive aussi souvent que les femelles dominantes aient un comportement de ce type.
En conséquence, il est a noter que la plupart des Goodeidae ne conviennent pas pour l'aquarium communautaire peuplé de petites espèces, de type guppy, néon ou combattant auquels ils mordillent les nageoires. A l'inverse, de très bons résultats sont signalés dans des bacs communautaires de Goodeidae ou de Cichlidae et il convient d'étudier les possibilités avec les poissons d'eau tempérée, voire froide..
 

La maintenance des Goodeidae est différente selon que l'on évoque les plus facile, tel Xenotoca eiseni, ou les plus délicat, comme le genre Skiffia. Les premiers peuvent s'accomoder de changements d'eau espacés, mais toujours assez importants, et d'un bac de relatif débutant. Pas les seconds.
Les changements d'eau sont LE secret de maintenance de ces espèces.  Pour rester générale: c'est leur principale exigence.
Se rajoute à cela une préférence de beaucoup pour les basses températures hivernales, bien que certaines d'espèces puissent vivre un bac tropical (par exemple: Ameca splendens)
Leur alimentation ne pose en général aucun problème, mais il convient de respecter les besoins des espèces herbivores de la famille. Elles demandent une diète à bien 80 % de végétaux, et sont connues pour éradiquer lentilles d'eau et algues filamenteuses, sans toutefois détruire les plantes courantes.
 

Malheureusement, ces étonnants poissons ont une fâcheuse tendance à disparaitre de leurs biotopes !

La disparation lente des Goodeidae s'explique par un ou plusieurs facteurs conjugués. Remarquons d'abord une faiblesse grave: comme certains Cichlidae, la plupart des Goodeidae sont endémiques d'un seul système hydrographique, voire d'un seul lac ou ruisseau. Ils sont donc vite en danger dès lors que ce seul milieu subit des changements majeurs. La perte d'un biotope implique souvent la perte d'une forme géographique spécifique, ce n'est donc pas anodin, même si l'espèce survit ailleurs.
Or, le Mexique est bien un pays où l'écologie n'est pas une priorité. Les peuples locaux cherchent avant tout à survivre, et peut-on leur jeter la pierre ?

Cette survie passe malheureusement par un développement actuel aussi anarchique qu'a pu l'être le notre à une certaine époque :

-pompage massif dans un but d'irrigation,
-détournement de cours d'eau,
-comblement ou drainage de marais,
-utilisation du réseau hydrographique pour se débarrasser des ordures et rejeter les effluents d'usine,
-introduction de poissons prédateurs de grande taille,
-introduction de poissons adaptables et à la reproduction ultra-rapide.

Ceci se rajoute à une tendance naturelle à la désertification, puisque certains Goodeidae tel les Characodon vivent dans de zones arides.

Il est bien évident que lorsqu'un lac, tel le lac Chapala, est réduit à une peau de chagrin, les poissons sont en danger. De n'avoir plus d'eau, c'est évident, mais aussi de subir une variation anormale des températures ou de voir se concentrer tous les polluants alentour.
Je ne parle pas de fleuves entiers dont les eaux sont devenus noirâtres et mortelles pour tout organisme aquatique, à cause d'une usine quelconque.
Ni des lacs dans lesquels le Tilapia et le Xiphophorus helleri ont remplacé les Goodeidae.

Le problème des introductions est particulièrement aïgu lorsqu'on parle de Goodeidae car ceux-ci ont développé un mode de reproduction spécifiquement lié à un habitant où la pression prédatrice était finalement faible. L'arrivée brutale d'un prédateur capable de dévorer les alevins, mais aussi les adultes, les mets tout de suite en danger. Qui plus est si ce prédateur se reproduit par milliers en quelques mois.
Quant aux espèces de type Xiphophorus, leur capacité de reproduction bien plus importante est dangereuse: ils concurrencent les Goodeidae pour occuper l'espace, et ne leur servent pas souvent de nourriture. Etant entendu qu'un milieu X ne peut abriter plus de Y poissons....

Tout cela s'est déja traduit par la disparition de Goodeidae. Certains auront sûrement disparus avant même leur première collecte. D'autres ont été signalés alors qu'ils étaient au bord du gouffre. C'est le cas de Skiffia francesae, qui survit depuis 25  ans uniquement dans les aquariums. Plus récemment, Zoogoneticus tequila, a été découvert, collecté, puis signalé disparu dans la foulée ! Heureuse nouvelle, on vient de découvrir un lieu de pêche encore préservé car très isolé. Espérons qu'il ne sera pas ravagé dès l'an prochain.
Actuellement, certains de ces poissons ne peuvent plus compter que sur nous pour survivre. En attendant une hypothétique remise en liberté ???

Les Vivipariophiles, mais aussi quelques scientifiques, ont choisit de se mobiliser pour sauver ce qui peut encore l'être. Un centre de maintenance existe maintenant au Mexique, à l'université de Morelia grâce notamment au dévouement de l'aquariophile anglais Ivan Dibble qui a créé le " Fish Ark".
Les amateurs du monde entiers tentent aussi de se regrouper sous l'égide de Goodeid Study Group, dont le but est de mettre en commun les souches disponibles et les informations. A noter que le GSG est une organisation à adhésion gratuite. Précision: les publications sont en anglais et allemand.

 
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