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  La vérité sur les techniques de reproduction

 

Voilà un domaine où on entend les pires énormités dès lors que l'on choisit de faire du Vivipare.
Du pondoir à la poudre pour alevins-perlin-pimpin, voilà ce qu'il ne faut pas faire et pourquoi...

D'abord, comment obtenir des alevins ? Ben, en mettant en présence un couple ;-). Normallement, l'insémination doit avoir lieu dans les 24 heures, mais on pourra laisser le couple dans le bac plus longtemps. La femelle étant pleine, on a plusieurs choix: on ne fait rien, car on maintient des poissons peu prédateurs, on a un bac planté et on alimente bien les adultes. Les alevins vont naître dans le bac et quelques uns s'y développer. Si ce schéma n'est pas envisageable, ou si on veut plus de jeunes, on peut aussi isoler la femelle pour la mise-bas. Mais alors là, premier danger: on n'isole pas 2 heures avant la mise-bas, mais une semaine, voire 10 jours pour les espèces sensibles. Sinon, on va causer un stress dangereux. Ensuite, deuxième risque, dans quoi isoler ? Et votre détaillant vous vend avec joie le fameux "pondoir spécial Vivipares".

La pauvre femelle n'a pas le choix, elle sera obligée d'accoucher, contrairement à l'ovipare (celle qui pond des oeufs) qui vous plantera dans 100 % des cas. Mais elle va bien se "venger". Dans cette camisole, elle ne peut parfois même pas se retourner, encore moins nager. Son eau stagne et se corrompt. Elle est angoisée par cette situation carcérale. Jusqu'à s'agiter furieusement puis devenir complétement apathique. Dans l'intervalle, elle se sera peut être blessée. Ou aura mis-bas prématurement. Parfois, elle en meurt. Si l'attente se prolonge, elle doit jeûner. Pas gênant, elle refuse souvent toute nourriture tant son stress et son épuisement sont grands. Si elle est nourrie, elle pollue encore plus son eau. La pauvre bête s'affaiblit. L'isoler 7 jours à l'avance ? Trop souvent elle n'y survit pas. Bref, le pondoir, c'est condamner à moyen terme ses femelles, être un tortionnaire plus qu'un aquariophile, et ne pas vouloir obtenir de résultats. Grosso-modo, c'est un bon business pour votre animalerie: on vous vend un truc qui ne sert à rien et qui tue les poissons que vous avez achetés !
Et bien oui, il ne faut pas rêver. Même si les femelles y survivent, elles vont manger des jeunes tout de même (c'est souvent contre cela qu'on utilise le pondoir). En général, l'alevin nouveau-né cherche à aller en surface, pas au fond. Donc il passe à proximité de la bouche affamée de sa mère avant de descendre dans la "réserve". La production est donc assez médiocre. Pour la suite, il est bien sûr impossible d'élever des bébés dans 300 ml d'eau polluée et stagnante. Je ne dis pas que l'on a toujours 0 survivant, mais on en a peu et les quelques heureux élus sont bons pour un retard de croissance phénoménal.
Ca, ce n'est pas du résultat. En plus, l'aquariophile ne progresse pas ainsi, il ne fera jamais d'ovipares de sa vie, il massacrera les Goodeidae, les Xipho et Mollies adultes sont trop gros pour rentrer dans un pondoir.  Ce type "d'élevage" ne permets pas de développer des poissons de qualité, et ne présente aucune rentabilité finale pour ceux qui espéraient peupler leur bac à bon compte.
Conclusion: exit le bon conseil du marchand, de l'industriel et des vieux bouquins.

Concrétement, quel matériel ?

Très peu en fait. Une cuve quelconque sert à la mise-bas. Elle fait de 5 à 50 litres selon la taille de l'espèce retenue. Elle est équipée d'un bulleur et chauffée comme le bac habituel. Son eau est celle  siphonnée du bac principal, éventuellement additionnée (après introduction de la femelle) de 10% d'eau neuve. Un éclairage ambiant peut suffire. Il y a des plantes en surface, une touffe de mousse de Java et au moins une cachette pour la mère nerveuse (pot de fleur). Si elle est très vorace, on peut partager le bac en 2 à l'aide d'un grillage vert assez fin vendu en jardinerie. La parturiente doit cependant pouvoir se déplacer facilement. Le compartiment à alevins est donc assez restreint. Bien entendu, la femelle est copieusement alimentée 2 à 3 fois/jour.
On démarre les alevins dans le bac le plus petit possible, afin de leur faciliter la chasse. Ce bac peut faire seulement 5 L pour 10 à 15 nouveau-nés. Il est équipé d'un bulleur doux et chauffé selon le besoin de l'espèce. Les formes sélectionnées gagnent à être chauffées vers 28 degrés durant les 2/3 premiers mois.
Après 15 jours, on les passe dans un 10/15L, puis dans  25 L après 2 à 3 semaines de plus. La filtration par pompe à eau peut alors éventuellement faire son apparition, mais à faible débit. Avant, elle est inutile et peut aspirer les petits et leurs proies.
Les alevins peuvent se contenter de l'éclairage ambiant de la pièce, mais ils ne doivent jamais être gardés dans l'obscurité durant la journée. Dans le noir, ils dorment donc ne mangent pas donc ne grandissent pas.
Leur bac sera bien entretenu, avec changement d'eau de 30% environ 3 fois par semaine, ou plus et siphonnage du fond à cette occasion. Par contre, on ne grattera pas les éventuelles algues, elles sont bénéfiques.
 

Et pour nourrir ?

Là encore, votre animalier préféré n'aura souvent pas honte de vous raconter n'importe quoi. Et il vous vendra une "poudre spéciale pour alevins". Qui ne donnera aucun résultat.
On a bien quelques survivants...mais dans quel état ! Si on n'a jamais suivi un bon protocole, on n'y verra que du feu, ou presque. On se demandera juste comment font ce qui produisent des femelles guppies grosses comme un doigt, ou ceux qui  annoncent des taux de survie des portées supérieurs à 99 %. Pas de mystère: bonne maintenance et bonne nourriture sont les maîtres-mots.
L'alevin se démarre à la nauplie d'artémia, additionnée éventuellement de micro-vers ou proies vivantes assimilées. C'est indispensable. Sans cela, et bien il faudra accepter les morts et la médiocrité. Se limiter à 20 % de survie à 6 mois, si on a de la chance,avoir des poissons nains . Autant aller acheter de beaux poissons, c'est moins cher et moins de travail.
Le vivant est l'aliment exclusif durant 15 jours environ. Il est distribué afin d'être disponible dans le bac en permanence. Après ce cap, il peut éventuellement être additionné d'un repas/jour de congelé fin. Mais en aucun cas remplacé. Les paillettes peuvent être données très ponctuellement afin d'habituer le jeune à ce qui sera sa diète quasi-quotidienne ensuite. Elles ne remplacent pas un repas sérieux, c'est juste une "présentation".

Le résultat:

C'est un taux de survie exceptionnel, de belles couleurs, une robustesse à toute épreuve et une croissance vigoureuse: un guppy mâle de 4 mois est un grand poisson totalement coloré dont les nageoires commencent à s'allonger de façon prometteuse.
L'élevage est certe un travail journalier et astreignant, mais quelle satisfaction de présenter des jeunes de qualité !

Toutes les reproductions sont faciles lorsque l'on se conforme au bon protocole.

 
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